" Quand on est porteur d'une culture, quand on a envie de la
défendre, on est prêt de faire partager ce pourquoi on se bat"
C'est ainsi que Robert Marty introduisit la conférence sur "
Occitan, culture d'Europe ", le jeudi 21 novembre au Centre Culturel
Français de Luxembourg devant plus de 45 personnes, avec notamment la présence du
Centre Culturel Catalan, du représentant de la Principauté d'Andorre, d'un
journaliste de l'hebdomadaire francophone " Le jeudi ", et des
nombreux amis venus écouter ses propos, après deux journées très intenses,
émission à la Radio Socio-Culturelle de Luxembourg et invitation à une
conférence du Centre Culturel Catalan.
Difficile mission que de résumer en quelques minutes l'histoire et la
littérature de 1000 ans d'âge, de parler du présent et d'envisager l'avenir,
comment expliquer dans un pays où le trilinguisme existe, les difficultés qu'a
la France à intégrer les langues régionales.
Il commença par les origines latines de l'occitan, de sa fabuleuse
épopée durant les siècles des troubadours rayonnants dans toute l'Europe et qui
s'acheva par le massacre de Montségur en 1244, marquant la fin cette période.
Il délimita ensuite la zone géographique allant du val d'Aran en Espagne, seul
endroit au monde où l'Occitan est langue officielle, en passant par la France
jusqu'aux vallées Alpines Italiennes, où actuellement une demande est faite
pour avoir l'Occitan comme langue des prochains jeux olympiques d'hiver.
L'histoire de cette langue passe aussi par des épisodes terribles où
l'abbé Grégoire, durant la révolution, voulant anéantir le patois et
universaliser le Français, donner la honte de cette langue, on ne pensait pas
pouvoir faire cohabiter deux langues dans un même cerveau ( ce n'est pas à
Luxembourg, pays du trilinguisme, qu'on démontrera cela), mena une enquête pour
trouver le moyen d'anéantir les patois. Voici une des questions et la réponse
qu'a donné un Rouergat d'alors :
" Quelle serait l'importance politique et religieuse de décimer ce
patois, par quels moyens. ? " Réponse : "L'importance est nulle. Pour
le détruire, il faudrait détruire le soleil, la fraîcheur des nuits, le genre
des aliments, la qualité de l'eau et l'homme tout entier ".
Le XIXième siècle fut notamment celui de la figure incontournable de
Frederic Mistral, mais qui hélas, comme un grand arbre, a fait trop d'ombre
autour de lui et qui fut prix Nobel de littérature en 1904. Vient ensuite la
révolution de la graphie : restauré et enseigné actuellement, très proche de
l'écriture des troubadours et faite pour créer un système unifié. Après la
dernière guerre mondiale, en 1945, naissance de l'Institut.d'Estudis Occitans,
issu de la libération. La mission de l'I.E.O, est de normaliser grâce à des
dictionnaires, des grammaires, des produits didactiques pour l'enseignement,
publier, faire écrire et apprendre à lire aux gens, par des cours, stages d'été
et formation d'enseignants.
Elle est aujourd'hui, enseignée, parlée, mais difficilement. Elle n'a
pas de statut car elle n'existe pas. " Vous avez devant vous une personne
qui a été payée par l'état pour enseigner une langue qui n'a aucune existence
légale. Elle n'est pas reconnue car l'article deux de la constitution française
dit que la langue de la république est le Français. " dit Robert Marty. Il
ajouta : " Le seul journal entièrement en Occitan, La Setmana, n'a pas
droit à l'aide à la presse. L'enseignement se fait dans des écoles gratuites,
laïques, associatives, les Calandretas. Monolingue jusqu'au primaire, puis bi
lingue jusqu'au collègue. Environ 3000 élèves sont scolarisés, et il existe
quelques écoles expérimentales bilingues de l'éducation nationale qui ont des
fonctionnaires qui enseignent une langue qui n'a aucun statut. Situation
Ubuesque car la France refuse de signer la charte Européenne des langues
minoritaires à cause de l'article deux.". En tant que directeur des éditions
IDECO, il s'efforce de publier des œuvres modernes, roman, science fiction,
policier, érotique, et évite les textes trop passéistes, régionalistes ou
folkloriques, et choisi surtout des nouvelles formes d'écriture : " Nous
ne sommes pas des conquérants, nous sommes des poètes. Nous habitons que dans
notre littérature et chaque fois que nous voulons faire territoire, il faut
écrire des livres. Il y a un bruit qui court que maintenant il y a plus
d'écrivains que de lecteurs, car il existe un instrument d'édition, notamment
l'IDECO, la maison d'édition précède le livre, et je reçois pour avoir un ordre
d'idée, un manuscrit par semaine. Si on veut vendre, il faut de la qualité. Un
roman se tire à 1000 exemplaires, Le plus vendu, La grava sul camin de Jean
Boudou est tiré à 20 000 exemplaires. "
La conférence se termina par les derniers grands écrivains comme Robert
Lafont, Max Rouquette et Bernard Manciet. Mais on ne pouvait finir sans faire
référence au plus grand, Jean Boudou, né dans l'aveyron, mais qui a eu le malheur
d'écrire en occitan. Le journal Le Monde refusa de publier l'annonce de sa mort
car il n'était pas écrivain, puisqu'il n'écrivait pas en français. Sa fille,
Jeannine, en 6ième, répondit à une rédaction qui demandait : " Que
voulez-vous faire plus tard ? Être écrivain comme mon père ". Elle eu
comme note zéro. " Mademoiselle, vous saurez que quand on veut être
écrivain, on écrit en français " : Réponse claire, lumineuse et
pédagogique puisque Jeannine Boudou n'écrit plus qu'en Français.
Robert Marty répondit ensuite aux nombreuses questions posées par
l'assistance et tout le monde se retrouva autour des soleils de Marcillac et
des fouaces, en écoutant les Massilia Sound System, La Talvera et autres
Fabulous Trobadors et en feuilletant les nombreux livres sur la littérature
Occitane qui étaient exposés.
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