Farrebique
ou les quatre saisons
(France
1946/vo/90')
De :
Georges Rouquier
Avec
: les villageois de Farrebique et de Goutrens (Aveyron)
CANNES 1946 - GRAND PRIX DE LA CRITIQUE INTERNATIONALE
PARIS 1947 - GRAND PRIX DU CINÉMA FRANÇAIS
VENISE 1948 - MÉDAILLE D'OR
Mais
cette soirée n'aurait pas connu cette réussite sans la présence de Dominique
Auzel, auteur de nombreux ouvrages sur le cinéma, et notamment " De
Farrebique à Biquefarre ", et qui présenta avec passion l'auteur et son
œuvre. En effet, qui mieux que Dominique Auzel, originaire de Marcillac,
pouvait parler, illustrer parfois de propos anecdotiques, souvent pathétiques,
mais tellement juste, de ce chef d'œuvre du cinéma. Rares en effet sont les
filiations aussi proches que celle qu'il y a entre ce réalisateur, cet artisan
du réel, et son biographe, son fils spirituel.
Ce
film si cher aux Aveyronnais, qui parle de leur racine, de leur patrimoine
culturel, de leur terre, de leur langue, mais qui au-delà de cet aspect
identitaire fait aussi œuvre universelle grâce au talent et à la poésie de
Georges Rouquier, restera pour toujours gravé dans notre mémoire collective et
comme l'écrit Dominique Auzel " il nous montre des hommes, des animaux,
des plantes, des paysages, tout ce qui fait partie de la terre où nous vivons
et, si loin que nous en soyons, nous reconnaissons dans cet autre visage du
monde un souffle de notre propre vie ".
Merci
Dominique Auzel d'avoir réalisé pour nous cette rencontre entre l'œuvre, son
créateur et les spectateurs que nous sommes. Merci de nous avoir fait découvrir
ainsi, comme pour un bon vin, l'âme de ce film, son vigneron, sa terre.
C'est
autour des vins et soleils de Marcillac que les spectateurs se retrouvèrent à
la fin de la séance et purent ainsi terminer cette si agréable soirée, tout en
découvrant les ouvrages mis en ventes par les éditions des cahiers du cinéma.
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Au
rythme des saisons, la vie d'une famille dans la ferme de Farrebique avec ses
drames et ses joies, et ce, sous le microscope d'un adolescent qui chante ses
décors familiers avec un lyrisme virgilien et une précision proustienne. Un
poème lyrique, chaleureux et sensible réalisé par un cinéaste poète et paysan.
Georges
Rouquier
L'œuvre
du cinéaste Georges Rouquier (1909-1989) suscite un engouement qui ne se dément
paset ses films-phares " Farrebique " et " Biquefarre ", si
singuliers dans le paysage cinématographique français par la représentation
qu'ils nous proposent du monde paysan de l'Aveyron, sont toujours aussi
présents dans
l'univers
du cinéma français. Ces films sont également connus dans le monde entier et les
universités
comme
les écoles de cinéma outre-Atlantique les considèrent comme des objets d'étude
pour les futurs cinéastes. Spielberg et Coppola considèrent ces films comme des
événements marquant l'histoire du cinéma et s'y réfèrent fréquemment.
Dominique
Auzel
Le
conférencier est aveyronnais et enseigne à l'université de Toulouse-II. Il est
l'auteur de nombreux ouvrages sur l'histoire et l'esthétique du cinéma, dont
" Georges Rouquier - de Farrebique à Biquefarre " aux Editions des
Cahiers du Cinéma)
Cinéma
du réel
Réaliste,
" Farrebique l'est d'abord par le refus de l'affabulation. Rouquier filme
la vie réelle d'une ferme pendant un an et adopte volontairement le ton du
document (présentation des personnages par le présentateur). Il y a, dès le
départ, soumission au réel. Cette position de principe a comme conséquence
l'emploi de véritables paysans et l'utilisation de décors réels. Rouquier a le
sens de la matière, la caméra n'invente rien, elle voit et nous oblige à voir.
Elle traduit l'écoulement du temps et concentre en 90 minutes une année
complète.
Quelques
critiques de l'époque
Je
suis de ceux qui sont sortis de la projection de FARREBIQUE complètement
bouleversés. Rares sont, en effet,
les
films où l'on sent à ce point la présence du cœur. Mais, plus encore peut être,
ce qui émeut profondément dans le film de Georges Rouquier, en même temps que
cet amour de la nature d' une force lyrique extraordinaire, c'est sa pureté.
Une séquence comme "l'éveil du printemps" classe son auteur. Très
près du Dovjenko de "La Terre". Très près aussi de Jean Vigo, ne
serait-ce que parce que FARREBIQUE rend aujourd'hui le même son neuf que
rendaient à leur apparition "ZÉRO DE CONDUITE" et 'L'ATALANTE".
Marcel
CARNÉ
"CINEMONDE",
septembre 1946
"
Farrebique est un film révolutionnaire. Les révolutions sont toujours en avance
sur leur temps. Le véritable film d'avant-garde de ces dernières années n'est
pas Citizen Kane, c'est Farrebique. "
Jacques
Becker, cinéaste
"
Je tiens Farrebique pour un grand événement. Un des très rares films français
qui, avec L'Espoir de Malraux,
ait
au moins pressenti la révolution réaliste dont le cinéma avait besoin (…)Un
critique cinématographique, sans doute trop distingué, se plaint dans son
papier d'avoir vu les vaches bouser, la pluie tomber, les moutons bêler,
les
paysans patoiser, de quoi, dit-il, le dégoûter de la campagne. De quoi vous
dégoûter des critiques de cinéma. "
(André
Bazin, critique)
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